8.7.12 : Hong Kong
Je revois mon ami Shaun, après onze ans d’intervalle. Il vit à Hong Kong. Rendez-vous dans le hall de son hôtel parisien. C’est le seul Asiatique assis là, je le reconnais facilement – me dira-t-il après.
On va manger rue des Rosiers. Il est à Paris mais je ne le trouve pas observateur, il se fiche des rues qu’il traverse, de ce qu’il mange, jewish ou autres, qu’importe.
Il me trouve changé, la barbe sans doute, autre chose aussi me dit-il.
Nous parlons comme si nous nous étions quittés hier, moi je ne le trouve pas changé.
C’est notre monde d’être coupé, loin mais en contact, de revoir, de reprendre etc. Le rythme induit par notre époque.
Nous nous quittons devant son hôtel, on se dit qu’on se revoie avant qu’il ne parte.
Je décide de marcher car il n’est pas tard. Peut-être que les dîners asiatiques ne s’éternisent pas.
Encore des traces de lumière dans le ciel, je longe la rue de Rivoli avec cette perspective pleine d’espoir. C’est l’été, je le sens.
Un énorme cafard marche à mes côtés, un de ceux qu’on disséquait en seconde, ceux d’Amérique du Sud. Peut-être quelqu’un en a-t-il ramené dans sa valise puis ils se sont reproduits puis ils pullulent. Il rentre dans un trou de bouche d’égoûts. J’ai des frissons pour les habitants de la rue.
Je repense à cette carapace brune, puis je tourne vers l’Opéra où la lumière est basse et les feux des voitures particulièrement rouges.