5.7.12 : Son propre rôle
L’étudiante sans doute américaine, là, à la table de la Caféothèque. En train d’écrire avec son muffin et son café. Elle joue le rôle de l’étudiante en train de prendre un café à Paris.
Le metteur en scène, sur France Inter, avec sa voix de théâtre, qui déblatère sur l’intérêt de monter "Le Maître et Marguerite" aujourd’hui, etc. Il joue le metteur en scène invité à la radio.
Le livreur de marchandises qui saute de son camion, fait descendre le hayon en montrant ses biceps à la file de voitures qu’il bloque. Il joue au livreur, au routier, empreint de liberté, le mythe de la route 66 et tout ça…
Ce sont des acteurs qui croient à leur rôle, ils n’ont pas de distance.
Je les plains.
Je trouve qu’ils jouent faux. Je ne crois pas en leur incarnation. Et leur engouement, aussi fort que peut être leurs lacunes, me gêne profondément, jusqu’au dégoût.
Je n’accorde de la valeur qu’à une certaine forme de vérité.
Le bon comédien, qu’on ne “voit” pas jouer, représente pour moi une forme de vérité.