© Paul Cézanne, "Le Mont Sainte-Victoire au-dessus de la route du Tholonet" (1904)
7.8.12 : À vivre
La Sainte-Victoire, drôle de nom. Nous avons fait le tour, en voiture. Arrêt dans les petits villages, dont Vauvenargues où est enterré Picasso, dans le jardin de son château – invisitable.
Vue sur la verdure de la montagne d’un côté, de l’autre c’est plus sec, on voit davantage la roche blanche.
Tour en voiture avec des arrêts, donc. Mais pas le sentiment d’avoir “vécu” la montagne. Pour ça il faut la gravir. Nous allons faire une courte randonnée. Monter sur sa peau, quelques heures.
À l’heure d’internet où nous pouvons aller n’importe où, n’importe quand, braver le jour et la nuit, tomber dans un village malgache ou un camp bédouin par satellite, je remarque comme quelques autres, que l’expérience individuelle prime, qu’elle est un joyau, que tant qu’on n’a pas foulé du pied, de la main, de ses yeux un objet, un endroit, quelqu’un… on n’a rien fait.
J’ai le sentiment que les gens ne “vivent” plus, puisqu’ils ont tendance à ne passer qu’à travers leur écran de portable. Le monde est vaste autant que notre corps ira le toucher.
Finalement, on en revient à la rangaine de Gide dans "Les Nourritures terrestres": “Il ne me suffit pas de lire que les sables des plages sont doux ; je veux que mes pieds nus le sentent... Toute connaissance que n'a pas précédée une sensation m'est inutile.” Le sensationnisme du XXIème siècle, une école de niche.