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© Julien Chabot.
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1.6.12 : Au faîte des voisins
 

Ce soir j'ai du travail et vais à l'atelier. J'achète des gâteaux apéritifs et une bière pour me donner de la force. Dans la rue je m'aperçois que c'est la “Fête des voisins”. Sur l'avenue de Wagram les portes cochères sont ouvertes. J'ai vue sur les entrailles des immeubles, les jeunes filles en robe de communiante, les pères de famille ennuyeux, les mères absentes, les concierges aux anges.
C'est étrange de se réunir sous le porche quand on a une cour… mais enfin.
En poussant la porte de mon immeuble je cache mes courses solitaires et m'apprête à presser le pas au cas où je croiserais les gens en train de festoyer : j'ai du travail et ne veux pas sembler rabat-joie. Mais non, personne ici. J'apprendrai plus tard qu'ils se sont joints à l'immeuble mitoyen.
Drôle d'idée d'avoir instauré depuis quelques années une fête des voisins. Il y a tellement de mauvais voisins, trop bruyants, que trinquer avec eux n'est pas envisageable. Ceux qui se disent bonjour toute l'année dans l'escalier ont gagné le droit à date fixe de se retrouver avec une assiette de charcuterie devant leur interlocuteur. À dire quoi ?
Mais dans le fond c'est plutôt sympa de se retrouver ainsi, entre congénères d'une même maison, c'est juste la date imposée par je ne sais quelle instance qui rend la chose amusante.
À mon dernier étage il n'y a personne, pas un bruit, peut-être mes quelques voisins sont-ils descendus trinquer. J'ai mangé mes crackers, bu petit à petit ma bière et dessiné en écoutant trois vieux albums de Tom Waits, la lucarne ouverte pour laisser entrer l'air frais de cette belle journée de juin.
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