© Julien Chabot.
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14.5.12 : Espace-temps
Je rentre de chez Vanna à vélo peu après minuit. Traverse tout Paris dont à un moment le boulevard Saint-Germain, vers Bastille. Je réalise qu’il y a exactement une semaine j’étais là, avec Pascale et des amis, sur le chemin menant de la rue de Solférino à la grande place. Nous étions des milliers à cet endroit.
Une semaine après et rien ne laisse imaginer l’agitation d’alors. Ce soir est un dimanche soir parisien comme les autres, c’est-à-dire presque campagnard. J’aime bien les rues de Paris le dimanche soir car jamais elles ne sont aussi calmes.
En traversant ce boulevard j’ai été en quelque sorte déçu que la fête ne se poursuive pas. Comme si avoir déserté les lieux ne nous rendait pas dignes du “changement” prôné par le nouveau président. Que les gens tournent si vite la page d’une telle ferveur me surprend… Mais moi-même ne fais que passer.
Il faut dire que nos temporalités changent. L’élection d’Hollande me semble très lointaine, voire obsolète, dans cet entre-deux présidentiel. Il a remporté l’élection mais n’investit sa fonction que neuf jours plus tard, une éternité aujourd’hui pour une chaîne d’informations continues ou pour un iphone…
C’est comme les affiches électorales qui restent collées dans la rue. On croise encore les portraits des deux candidats, avec leurs insultes, déchirures, etc. Elles entretiennent un semblant de suspense alors que le couperet est tombé, pas un Français ne doit ignorer le scrutin, mais la rue fait mine de ne pas savoir. Je me serais moins étonné dans un monde où l’information ne circulerait pas si vite, mais là les affiches semblent totalement désuètes.
Ça donne d’ailleurs un brin d’espoir de constater que tout ne va pas si vite. Chacun peut souffler si la rue se le permet.
Il y a bien le monde du direct et le monde du temps qui passe.
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