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© Julien Chabot.
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25.1.08 : Rêve, cauchemar, rêve
 

Nuit très chargée en rêves. Je conduisais une voiture, du moins j’essayais car je ne sais pas conduire. Le plus difficile c’était de passer la marche arrière, surtout que j’essayais de faire comme tout le monde, le bras plié posé sur l’appui-tête, la tête tournée pour regarder derrière… J’étais dans la rue, puis dans un champ… ça ne donnait rien. Petite panique. Et je crois qu’on m’attendait.
 
Bref, mes rêves ont continué après le radio-réveil. Vous savez ces rêves où les images se font en synchro avec ce que vous entendez. Toujours la même question, pourquoi ces images-là, ces traits de visages, ces décors ? Donc la radio, en direct d’Angoulême où des éditeurs de bande dessinées sont interviewés, on entend aussi des dessinateurs qui viennent sur leur stand présenter leur travail. La réponse des éditeurs. Moi je vois tout, l’éditeur, le type qui vient présenter ses mangas… le cauchemar absolu !
Ca m’a réveillé pour de bon. Là, j’étais conscient et l’interview continuait… Je me suis dit que je travaillais vraiment dans un milieu… difficile, désagréable… Je repense à une phrase de l’éditeur de Cornélius, il disait qu’il ne recevait pas les dessinateurs car il n’estimait pas que c’était son rôle de juger, etc… À la question "mais comment faîtes-vous pour découvrir de nouveaux talents ?" il a répondu "Je sais où ils se trouvent".
Bon… il a donc trouvé la source… Pas la peine d’aller l’embêter avec mes histoires, il a ce qu’il faut.
 
Le problème dans ce milieu c’est qu’il est saturé, c’est une bouteille pleine, la plus petite goutte d’eau ne peut pas y entrer. À quoi ça sert d’aller les voir ? Ils n’ont pas le temps de nous recevoir, de nous lire. Mais sans eux, comment faire ? Il doit bien y avoir des solutions pourtant, il faut repenser l’édition. Car le schéma classique, pour moi, va dans le mur : démarcher, relancer, attendre, ne rien être payé ou presque si ça marche... J’en ai marre de me battre contre des moulins à vent.
 
Monter sa structure ? Passer sa vie dans les cocktails pour devenir compagnon de beuverie ? Un graphiste, prof par ailleurs, m’a confié qu’il décrochait la plupart de ses contrats dans ces moments-là, quand son employeur potentiel est bourré, ou simplement détendu. Attendre de trouver l’éditeur-sœur ? Internet ?
On peut me répliquer que ce n’est pas à moi, dessinateur, de répondre à ces questions, qu’il faut que je me trouve un agent qui réfléchisse à ces choses pour moi… mais c’est pareil de leur côté, les discours d’un éditeur et d’un agent sont interchangeables.
 
Gardons notre calme… Take it easy… Ça va bien se passer… Tout arrive à point à qui sait attendre. All right.
 
Je vous conseille de lire la discussion (en anglais) entre les chanteurs David Byrne et Thom Yorke (leader du groupe Radiohead) dans le magazine Wire. Comme vous le savez peut-être le nouvel album de Radiohead, "In Rainbows", avant d’être vendu "classiquement" sur support disque a d’abord été proposé en téléchargement sur le site internet du groupe, pour un montant libre que vous choisissiez. Le résultat est sans appel, ils ont gagné par cet unique système de téléchargement de "In Rainbows", plus d’argent qu’en réunissant tous leurs précédents albums, vendus de manière traditionnelle. Ils ont de même quitté leur maison de disque EMI… Certes il s’agit du plus grand groupe de rock actuel, beaucoup de fans les attendaient, leur démarche ne pourrait peut-être pas fonctionner pour un groupe émergent, mais je pense qu’il y a tout de même des idées à prendre dans ce qu’ils ont fait, je trouve que ça ouvre un champ de réflexion nouveau sur la diffusion des biens artistiques. Car lorsqu’un groupe cherche un label ou un auteur un éditeur, il s’agit principalement de trouver un support de diffusion, le travail artistique étant bien souvent fait au préalable… Alors se demander "comment se passer des maisons d’édition ?" ou du moins changer le lien qu’il y a avec eux, ça me semble assez pertinent et je vois un peu de lumière à l’horizon dans l’espoir d’une réponse.
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