28.12.11 : Montagnes, 4
Au sommet de la station, là où arrive la dernière remontée mécanique, j'attends. Il est 16 h 30, la station ferme, le soleil ne va pas tarder à passer de l'autre côté du relief. Des skieurs regardent le paysage, je fais la même chose. Les montagnes devant, la plaine un peu à droite, les cîmes des chaînes lointaines qui apparaissent d'une couleur plus douce… J'ai avec moi cahier et crayons, je choisis un endroit un peu à l'écart mais bien face au paysage.
Pendant que je dessine les skieurs commencent la dernière descente. Autour de moi les voix se font plus rares. Je finis par être le dernier, là tout en haut.
Je finis par prendre peur. Et si la nuit me surprenait ? Et si en descendant je me cassais quelque chose ? Sans tarder je range mes affaires et commence moi aussi ma dernière descente. Non sans avoir profité de ce coucher de soleil sur les Alpes.
C'est agréable de skier sur des pistes désertes. Mais la peur de me faire surprendre par la nuit reste collée à moi. Les canons à neige sont déjà en marche, je passe non loin de l'un d'eux et goûte à la fine poudre qu'il pulvérise dans l'air. Seul sur une vaste piste rouge un peu verglacée je descends accompagné des Beatles. Il arrive que certaines pistes soient accompagnées musicalement, pour l'ambiance. Je vis là l'envers de ce but, car seul comme je suis il aurait été difficile de créer la moindre ambiance, à moins de créer une ambiance avec moi-même si j’avais été admiratif de ma descente, mais non. En admettant que je n'aie pas attendu au sommet, les Beatles joueraient à l'heure qu'il est pour personne, auraient résonné tels des fantômes dans le silence des hauteurs.
Je vois à présent les bâtiments du village, ses toits sont dorés par le soleil. Je devrais arriver sans mal, la nuit est tout de même loin. Mais la luminosité baisse et le relief de la neige est plus difficile à percevoir. Dans ma descente je rejoins quelques enfants qui slaloment en s'amusant. J'ai l'impression de retrouver le troupeau après avoir été égaré quelques instants. Mais visiblement personne ne s'en est aperçu, l'heure est au rire. Ma crainte s'apaise, je suis bien arrivé, mais le plus beau était bien là-haut.