© Julien Chabot.
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27.6.11 : Google Heart
Je tape l’adresse d’un ami sur Google pour m’assurer de l’orthographe de la rue. Je tombe sur la fonction Street View. Je peux donc voir la 3D de l’adresse en question. Avant c’était une photo de la façade, du côté, etc (ce qui était déjà impressionnant, quand on pense au photographe qui s’est tapé toutes les rues). Mais là c’est une 3D à 360 °, horizontale et verticale, on peut regarder la rue, le sol, le ciel…
Je tape quelques autres adresses que je connais. Leur vue est également enregistrée. Là, à mon ancienne adresse, je reconnais que la photo a été prise quand j’y habitais encore, à tel et tel détail, mes fenêtres à demi ouvertes par exemple.
Je continue et suis frappé de l’exhaustivité des lieux renseignés. Une poésie se dégage de tout ça, en même temps qu’un certain totalitarisme. Parfois cette trop grande efficacité est tout de même moquée par des scènes prises en photo malgré tout (à moins que ce soit là aussi voulu) : un petit vieux qui parle à son voisin, un touriste sur un Vélib’ qui regarde l’objectif, une merde de chien qui trône au milieu du trottoir…
Je continue ma course jusqu’à taper l’adresse du village de mes grands-parents. Mon coeur se serre quand je revois cette petite maison, ensoleillée, alors que leur vie s’est arrêtée depuis un certain temps. Revoir ces images qui vivent habituellement dans mon souvenir, voir une nouvelle voiture garée devant la baraque, et voir tout ça sur internet, sur Google Inc., qui a priori n’a pas grand chose à faire de ce petit bled, ça me fait quelque chose, ça me trouble.
Une dernière adresse pour voir si ces madeleines de Proust volées arrivent aussi à d’autres. Oui tous les petits villages sont ainsi numérisés.
Google Goulu.
On n’arrête pas le progrès, c’est là le problème.
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