Blog illustré - 7.3.08 : Emotion Pictures

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7.3.08 : Emotion Pictures *

Je réalise mes fantasmes. Cinématographiques pour l’instant. Je regarde les films qui me font rêver par leur seul titre, synopsis ou images depuis… que j’ai eu vent d’eux.

Godard dit que les meilleurs films sont ceux que l’on n’a pas vus. Je crois comprendre ce qu’il veut dire, que notre imaginaire peut faire un chef-d’œuvre et qu’une fois notre imaginaire confronté à la réalité – le visionnage du film – on peut être déçu.

J’ai eu pour l’instant relativement de la chance, mais je n’ai pas encore "réalisé" tout ce dont j’ai envie. C’est drôle d’ailleurs, on dit "réaliser un fantasme" et quelqu’un qui fait un film est un "réalisateur". Réalisateur du fantasme des autres ?

Je sors de "Ma nuit chez Maud". À l’instant. Merveilleux. Heureux de l’avoir vu. Depuis que j’en ai entendu parler je voulais le connaître. Difficile d’en parler à chaud. C’est juste que je ressens profondément l’insolite et l’approche du « temps » proposée dans le film. Magnifique Trintignant, belle et mélancolique François Fabian.

Je commence les Antonioni également, je cours après lui depuis que j’ai vu "L’Éclipse"…

Dans un autre genre "La Féline" de Jacques Tourneur. Beau noir et blanc et mystère du film. Longtemps que j’en entends parler. Bonne surprise de voir un bon film.

"Hot Spot" de Dennis Hopper. Déçu qu’il y ait finalement une intrigue. Je voulais le voir pour le sexe qui s’en dégageait, le côté torride évoqué par l’affiche et surtout par ce que j’en avais entendu…

Il y a donc ces histoires qu’on entend sur ces films et puis comme je le disais il y a ces images, celles qu’on voit dans les magazines, les affiches – que je collectionnais adolescent. Et de ces images sont nées des fantasmes. Souvent ce sont des femmes qui les ont fait naître. Ainsi je me suis loué aujourd’hui "Le Banni", j’ai toujours plus ou moins rêvé de Jane Russell sur l’affiche avec sa poitrine démesurée. La semaine dernière j’ai enfin vu "La Chair" de Marco Ferreri, captivé par la comédienne Francesca Dellera que je ne connaissais que par l’affiche, là encore, on la voit sortir à quatre pattes d’une niche, un homme collé derrière elle. J’ai sans doute voulu regarder "La Dolce Vita" grâce à Anita Ekberg se baignant dans la fontaine. Depuis "La Féline" j’ai hâte de retrouver la beauté étrange de Simone Simon dans ses autres films…

"Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs."

Hervé Bazin

* ce titre est tiré de celui du livre de Wim Wenders, publié en 1986.